Die Gier nach Land
Christian Bobst
Accaparement des terres

Indispensable à la vie, la terre devient une marchandise comme les autres

Accaparement des terres

Depuis quelques années, un nouveau phénomène compromet la sécurité alimentaire de millions de personnes : la vente et la location de vastes terrains à des Etats étrangers ou à des investisseurs. Très répandu en Afrique et en Asie, l'accaparement de terres prend de l'ampleur en Europe.

L’accaparement de terres est une problématique affectant de vastes surfaces de terrain partout dans le monde. Selon les estimations, elle concernerait de 43 à 200 millions d’hectares, soit une région à peu près aussi grande que l’Europe de l’ouest. Autant de terres qui, depuis 2007, ont été vendues ou louées à des gouvernements étrangers, des acteurs de la finance, des multinationales ou des particuliers, la tendance étant à la hausse. Les raisons sous-tendant ce phénomène sont aussi diverses et variées que les acteurs et les types de contrats. Confrontés à des crises alimentaires, certains Etats ont commencé à rechercher de nouveaux champs cultivables pour nourrir leur population. C’est le cas de l’Arabie saoudite ou de la Corée du sud. En parallèle, suite à la crise financière, le monde de la finance voit désormais l’eau et la terre comme des valeurs refuges pour placer de l’argent. Enfin, des multinationales et des investisseurs ne veulent pas rater le train des agro-carburants. Tous ces acteurs naviguent dans le flou juridique le plus complet, dans un no-man’s-land entre propriété foncière informelle et droit de la propriété consacré. Leurs projets bénéficient toutefois du soutien des gouvernements et d’institutions multinationales qui par leur entremise espèrent au mieux essor économique et développement, au pire d’en tirer quelque bénéfice à titre privé.

L’Afrique et l’Asie sont les continents où ce phénomène est le plus répandu, mais en Europe et en Australie, les ventes massives de terrains connaissent aussi un succès fulgurant, que ce soit pour y cultiver de manière industrielle et extensive de la nourriture, des aliments destinés aux animaux, des matières premières végétales, des agro-carburants ou encore à des fins purement spéculatives. Dans la plupart des cas, l’accès à l’eau joue un rôle primordial : l’eau nécessaire à l’irrigation de ces monocultures ne profite plus aux populations locales ; elle est donc d’une certaine manière exportée en même temps que les denrées produites. Les paysan-ne-s, nomades, pêcheurs et tous ceux dont la survie dépend de l’exploitation à long terme des sols en souffrent. Adaptée à son environnement, l’agriculture paysanne se retrouve poussée dans ses retranchements par une industrie agricole qui considère la terre comme une marchandise et comme un moyen de vite gagner beaucoup d’argent. Or ce modèle a déjà coûté leur base de subsistance à des millions d’individus.

Faits & chiffres

Ce que fait l'EPER

  • Promotion des réseaux de lutte contre l’accaparement de terres: L'EPER soutient divers partenaires en Afrique de l’ouest, de l’est et en Indonésie qui s’opposent à ce phénomène. Nous aidons notamment les populations à obtenir un accès pérenne à leurs terres. Notre organisation finance aussi des ateliers et des initiatives permettant de mettre en contact ses partenaires pour qu’ils échangent leurs expériences.
  • Soutien aux travaux contre l’accaparement des terres: sur le plan international, l'EPER travaille en collaboration avec GRAIN, la première organisation non-gouvernementale à avoir identifié ce phénomène et à l’avoir dénommé « land grabbing » en anglais. En plus de ses analyses et de sa coopération avec diverses associations paysannes, GRAIN gère la plateforme en ligne farmlandgrab.org, sur laquelle elle publie des informations relatives à l’accaparement de terres dans le monde. L’ONG s’est vu décerner le prix Nobel de la paix alternatif en 2010 en récompense à son action.
  • Pas un centime pour l’accaparement de terres: «Pain pour le prochain» a analysé la participation des banques suisses et des administrations publiques à des projets d’accaparement de terres. Elle lutte pour que l’argent public suisse ne finance pas l’accaparement de terres.
  • Revitalisation de l’agriculture paysanne: L'EPER milite pour un changement de cap agricole. Reposant sur un recours massif aux pesticides et aux engrais appliqués à des surfaces extensives pour favoriser la production de matières premières agricoles, le modèle agroindustriel actuel a été l’un des facteurs déterminant dans l’apparition de ce problème.
  • Un sujet de débats en Suisse: «Pain pour le prochain» est la première organisation en Suisse à avoir évoqué cette thématique auprès des média et du public. C’est ainsi que nous avons apporté notre appui à la première réunion d’experts dédiée à l’accaparement de terres à Genève en 2009

Études de cas

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