Depuis quelques années, un nouveau phénomène compromet la sécurité alimentaire de millions de personnes : la vente et la location de vastes terrains à des Etats étrangers ou à des investisseurs. Très répandu en Afrique et en Asie, l'accaparement de terres prend de l'ampleur en Europe.
L’accaparement de terres est une problématique affectant de vastes surfaces de terrain partout dans le monde. Selon les estimations, elle concernerait de 43 à 200 millions d’hectares, soit une région à peu près aussi grande que l’Europe de l’ouest. Autant de terres qui, depuis 2007, ont été vendues ou louées à des gouvernements étrangers, des acteurs de la finance, des multinationales ou des particuliers, la tendance étant à la hausse. Les raisons sous-tendant ce phénomène sont aussi diverses et variées que les acteurs et les types de contrats. Confrontés à des crises alimentaires, certains Etats ont commencé à rechercher de nouveaux champs cultivables pour nourrir leur population. C’est le cas de l’Arabie saoudite ou de la Corée du sud. En parallèle, suite à la crise financière, le monde de la finance voit désormais l’eau et la terre comme des valeurs refuges pour placer de l’argent. Enfin, des multinationales et des investisseurs ne veulent pas rater le train des agro-carburants. Tous ces acteurs naviguent dans le flou juridique le plus complet, dans un no-man’s-land entre propriété foncière informelle et droit de la propriété consacré. Leurs projets bénéficient toutefois du soutien des gouvernements et d’institutions multinationales qui par leur entremise espèrent au mieux essor économique et développement, au pire d’en tirer quelque bénéfice à titre privé.