Le libre-échange avec le Mercosur est un non-sens climatique
Le projet d'accord de libre-échange avec les pays sud-américains du Mercosur entraînera une augmentation de 15 % des émissions de gaz à effet de serre nocifs pour le climat pour le commerce agricole à lui tout seul. Selon un nouveau rapport de l'organisation internationale GRAIN, l'importation en franchise de droits de douane de viande et d'aliments pour animaux en est le principal moteur. La Coalition suisse sur le Mercosur voit ses critiques concernant l'absence de dispositions en matière de durabilité et de bien-être animal dans l'accord confirmées.
Les accords de libre-échange visent à simplifier le commerce entre les pays partenaires et à augmenter le volume des échanges. L'accord entre les États de l'AELE (Suisse, Islande, Liechtenstein et Norvège) et les pays sud-américains du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay), dont les négociations ont été terminées à la mi-2019, entraînera inévitablement une augmentation des échanges agricoles entre ces pays. Cela entraînera à son tour un accroissement des émissions de gaz à effet de serre nuisibles au climat, comme le souligne un nouveau rapport de l'organisation internationale GRAIN.
Sur la base des quotas négociés dans l'accord pour l'importation en franchise de droits de douane de certains produits agricoles, GRAIN a calculé leur empreinte climatique. Elle s'est appuyée sur les données de la FAO concernant l'impact climatique de ces produits. Résultat : par rapport à la situation actuelle, l'émission de gaz à effet de serre augmentera de 75 500 tonnes d'équivalents CO2 par an en raison de l'accroissement du commerce agricole. C'est 15% de plus qu'en 2019.
Viande, maïs et fromage problématiques
Ce calcul tient compte du commerce des dix produits ayant le plus d'impact sur le climat - bœuf, agneau et volaille, maïs, soja, blé dur, huile d'olive et lait en poudre - importés dans les pays de l'AELE, ainsi que des exportations de fromage de la Suisse et de la Norvège vers les pays du Mercosur. Une étude commandée par le Secrétariat d'État à l'économie (SECO) et réalisée par le World Trade Institute en juin 2020 avait calculé une augmentation des équivalents CO2 de 200 000 tonnes pour l'ensemble du secteur agricole et alimentaire. En revanche, l'étude GRAIN n'a examiné que le commerce des produits agricoles.
La Coalition suisse sur le Mercosur a déjà critiqué à plusieurs reprises le fait que l'accord prévu aura un impact négatif tant sur la situation de l'environnement et des droits humains dans les pays d'Amérique latine que sur l'agriculture en Suisse. Cet accord contribue à la destruction progressive des forêts tropicales et à l'utilisation de pesticides dangereux, dont certains sont interdits dans les États de l'AELE eux-mêmes. Mais il entraîne également une augmentation des importations de viande, dont la production ne répond en rien aux normes suisses en matière de bien-être animal et contredit les attentes légitimes des consommateurs. Ceci est inacceptable pour la Coalition suisse sur le Mercosur, car la politique commerciale ne doit pas aller à l'encontre des efforts de la Suisse en matière de politique climatique.
Ce communiqué de presse est soutenu par les organisations suivantes de la Coalition suisse Mercosur: ACSI, Alliance Sud, Pain pour le prochain, Bruno Manser Fonds, Fédération Romande des Consommateurs, Société pour les peuples menacés, EPER, Protection Suisse des Animaux, Swissaid.