Avec plus de 300 000 morts, 3,2 millions de victimes et 250 000 maisons détruites, le tremblement de terre du 12 janvier 2010 en Haïti a marqué tant le pays que l’opinion publique. En Suisse, l’élan de solidarité via la Chaine du Bonheur a été très important. L’aide suisse a-t-elle été pertinente et efficace ?
Début 2010, un violent tremblement de terre dévastait Haïti. Pour venir en aide à la population démunie, la Chaîne du Bonheur avait lancé un appel au don national, récoltant alors 66,2 millions de francs. Cette troisième plus grande récolte de l’histoire de l’œuvre a permis de financer 91 projets de 21 ONG dont l’EPER entre 2010 et 2018. Hormis 4 millions qui ont été utilisés pour d’autres catastrophes survenues après le tremblement de terre, un cinquième des fonds a été utilisé pour de l’urgence immédiate – l’EPER avait distribué 3000 repas chauds par jour pendant 100 jours à Port-au-Prince. 65% des fonds ont permis de réaliser des projets de construction de maisons et de réhabilitation des routes et accès à l’eau. Le reste a permis de prendre des mesures pour améliorer la prévention des risques et des catastrophes. Là aussi l’EPER a conduit des projet de banque de semences pour les protéger et pouvoir replanter rapidement en cas de catastrophe. En tout, plus de deux millions de personnes ont bénéficié de ces projets.
Andreas Schwaiger
Un bilan plutôt positif
Cette aide a-telle été pertinente et efficace ? Dix ans après le séisme, une analyse d’impact a été commanditée par la Chaîne du Bonheur. De mai à octobre 2019, des experts indépendants de KeyAid, ainsi que des experts haïtiens ont interrogés plus de 500 ménages bénéficiaires, conduits 52 discussions et 87 entretiens pour évaluer les effets à long terme de l’aide sur la vie des populations. « Les résultats sont réjouissants », indique Hélène Juillard, responsable de l’étude à KeyAid. En effet, 92% des personnes interrogées estiment que les projets ont permis de couvrir leurs besoins de base et de rétablir leurs moyens de subsistance. Les 2700 maisons financées par la Chaîne du Bonheur – 406 construites par l’EPER – sont durables et répondent aux normes antisismiques. 95% des personnes qui en ont bénéficié y vivent encore, et la grande majorité d’entre elles s’y sentent en sécurité. Point particulièrement positif : la population était très impliquée dans la réalisation des projets.
HEKS
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Andreas Schwaiger
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Haïti a encore besoin d’aide
Si les projets permettent de répondre aux besoins les plus urgents, au vu de la situation économique du pays, il est très difficile de garantir les moyens d’existence à long terme. Parmi les personnes qui ont suivi une formation professionnelle, rares sont celles qui ont trouvé un poste fixe.
L’étude déplore également que les Haïtiens n’aient pas reçu d’argent en espèces. Cette mesure leur aurait permis de couvrir plus facilement leurs besoins, tout en relançant l’économie locale. Dans tous les cas, la Chaîne du Bonheur tirera des enseignements de cette étude : elle compte s’en inspirer pour redéfinir la procédure à suivre en cas de séisme.
L’EPER aide les communautés rurales de la Grand’Anse à prévenir des catastrophes et à devenir maîtres de leurs semences pour ne devoir dépendre de personne.