Brésil

L’EPER soutient les victimes de la rupture de barrage de Brumadinho

Pour la deuxième fois la multinationale minière Vale, domiciliée à St-Prex en Suisse et active au Brésil, à été incapable d'éviter la rupture d'un barrage entourant l'une de ses mines avec des conséquences fatales pour les êtres humains et l'environnement. L'EPER soutient les victimes. Avec ses partenaires locaux, l'EPER demande au gouvernement brésilien qu'il fasse le nécessaire pour réduire les dégâts et empêcher qu'une telle catastrophe ne se reproduise.

En novembre 2015, deux barrages entourant le bassin de rétention d’une mine de fer cédaient dans l’Etat minier de Minas Gerais, au Brésil. Une coulée de boue chargée de minerai de fer engloutit le barrage de Santarem et dévastait le village de Bento Rodrigues, situés en aval de la mine. Il s’agissait alors de la pire catastrophe environnementale qu’ait connu le Brésil. En plus des morts, d’innombrables familles y perdirent leurs moyens de subsistance : le Rio Doce fut contaminé sur plusieurs centaines de kilomètres et des bancs de poissons entiers disparurent sous les boues industrielles. Le village  n’a pas été reconstruit, les victimes survivantes attendent toujours un dédommagement et le groupe Vale n’a pas réglé l’amende de plusieurs millions de francs suisses qu’elle doit aux autorités environnementales du Brésil. Jusqu’à présent, pas un seul représentant de l’entreprise n’a été mis devant ses responsabilités.

HEKS unterstützt Opfer des verheerenden Dammbruchs in Brasilien
©Fernanda Ligabue/Greenpeace

L'histoire se répète

Le 25 janvier 2019, l’Etat de Minas Gerais est à nouveau le théâtre d’une catastrophe semblable : un barrage minier de la même entreprise a encore cédé. Une semaine après les faits, un tragique bilan faisait état de 110 morts et de 238 disparus. Le nombre de morts ne cesse d’augmenter au fur et à mesure que les recherches se poursuivent. Au niveau local, les boues contaminées se sont infiltrées dans les eaux. Mais ce n’est pas tout : la catastrophe menace de prendre des proportions incalculables si les boues atteignent le fleuve São Francisco, qui s’étend sur plus de 500 communes et cinq Etats fédéraux du Brésil.

Solidarité de la société civile

La société civile brésilienne s’est montrée solidaire. Des volontaires se sont rendus sur les lieux de la catastrophe afin d’aider les victimes survivantes et de pallier les besoins les plus urgents. L’EPER et sa partenaire locale, l’organisation CESE, soutiennent ces efforts de mobilisation de la société civile en facilitant le transport des groupes de volontaires. Les priorités sont l’eau potable, la nourriture et l’aide psychosociale. Les groupes de volontaires sur les lieux ont un rôle central car ils s’attachent à répondre aux besoins des victimes et à s’assurer que ces dernières aient accès aux informations nécessaires. Ils négocient avec les autorités compétentes et, au besoin, participent aux distributions de biens de première nécessité.

 

Négligence et insuffisance des moyens

La police brésilienne a réagi après la rupture du barrage en arrêtant cinq experts ayant auparavant certifié que les installations étaient sûres. De plus, le gouvernement a gelé un montant d’un milliard sur les avoirs du groupe Vale. Cependant, si la société brésilienne ne parvient pas à se faire entendre, ce second épisode tragique risque de se terminer comme celui de 2015: sans conséquences politiques, juridiques, ni indemnisation des victimes.

De plus, le budget de l’autorité de régulation nationale a été nettement sabré ces dernières années. En conséquence, seuls quatre fonctionnaires sont à l’oeuvre dans l’Etat du Minas Gerais pour vérifier la sécurité de 184 barrages. Cette insuffisance de moyens a sans aucun doute contribué à des négligences dans le cas de Brumadinho. Il est à craindre que de nombreux autres barrages présentent un potentiel de risque équivalent au Brésil. Or, le puissant lobby des industries minières est parvenu, au cours des dernières années, à étouffer toutes les tentatives de faire passer une législation plus sévère au Parlement. D’ailleurs, le président Jair Bolsonaro récemment élu avait annoncé pendant sa campagne électorale son intention d’assouplir davantage encore les réglementations dans le domaine de l’environnement.

Il est temps d'agir

Depuis quelques années, l’EPER et CESE ciblent leur soutien sur les initiatives de la société civile de sorte à aider les victimes des industries minières. Des améliorations sont exigées de la part des entreprises minières brésiliennes afin que les droits humains soient respectés. La récente catastrophe de Brumadinho, ne fait qu’encourager l’EPER à poursuivre dans ce sens. Avec d’autres organisations, elle demande que l’intervention de l’Etat ne se limite pas aux mesures d’urgence et que les responsables des ruptures de barrages de 2015 et de 2019 soient identifiés et contraints de rendre des comptes. Enfin, l’EPER insiste sur le versement d'indemnisations à la population et sur d’autres mesures d’amélioration sur le plan de la réglementation concernant les industries minières au Brésil. Il faut également investir les moyens nécessaires pour protéger la population locale et éviter que de tels drames se reproduisent.

Joëlle Herren
Responsable médias et communication, siège romand
Joëlle Herren Laufer

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